Apollonie d'Illyrie, le trésor hellénistique de l'Albanie
Aux portes de Pojani, un charmant village à quelques kilomètres de l'Adriatique, le Parc Archéologique d'Apollonia s'étale sur deux collines. Créé en 2006 par l’État albanais, il abrite des vestiges précieux dans un cadre très méditerranéen, où les blocs de marbre reposent à l'ombre des oliviers.
Une histoire mouvementée pendant l'Antiquité
Fondée par des Corinthiers en 588 avant notre ère, Apollonia s'est d'abord appelée Gylacéia, avant de prendre le nom du dieu de la musique et de la poésie. Prospère, elle se développe bien grâce à son port et sa belle situation sur les routes commerciales de l'époque.
À partir de -229, elle est intégrée à la République Romaine, et prend parti pour César contre Pompée lors de la guerre qui les oppose, près de deux siècles plus tard. Sa magnificence ne fait que croître au cours des années suivantes, jusqu'à ce que les terres deviennent marécageuses à la suite d'un tremblement de terre au 3ème siècle : les maladies qui la frappent alors, ainsi que le déclin de son activité portuaire la conduisent à perdre alors en importance, au profit de Vlorë, non loin.
La redécouverte d'Apollonia
Lorsque les premières ruines sont retrouvées au 18ème siècle, il ne s'agit alors que d'un hobby d'intellectuels : la ville est dépeuplée et seul village subsiste à quelque distance. Au début du 20ème siècle, une équipe d'archéologues français va commencer à mener des fouilles sérieuses. C'est le début d'un lien fort entre la France et l'Albanie, sur ce chantier culturel mené conjointement par les deux nations.
Sur place, les vestiges remarquables d'une cité gréco-latine
L'influence grecque, puis romaine est flagrante dans l'architecture qui a été mise à jour. Il ne faut pas manquer le Bouleuterion, un temple dont la façade classique est debout, ou l'Odéon, dont les gradins arrondis s'appuient aux flancs de la colline, jadis étincelants de marbre blanc. Un obélisque peut également être admiré près des murs massifs du Téménos. A l'écart du reste, le Nymphée permettait de recueillir de l'eau de source dans une très grande citerne.
Moins spectaculaires, mais tout aussi passionnants pour les amateurs d'histoire ancienne, certains bâtiments ne laissent voir que leurs fondations mises à nu lors des excavations : une maison avec un impluvium ici, un gymnase ailleurs, les bases d'un temple de Diane un peu plus loin...