Selon les croyances des Aborigènes, rochers, collines, lacs portent l’empreinte laissée par les esprits créateurs. L'histoire de chaque ancêtre créateur s'inscrit dans un itinéraire géographique qui peut en croiser d'autres.
On traduit généralement cette philosophie religieuse par le "Temps du rêve". Les cérémonies rituelles des aborigènes –chants, danses et peintures corporelles– maintiennent le lien entre le monde des vivants et celui des ancêtres : il s'agit de perpétuer les épisodes créateurs et les transmettre aux jeunes adultes.
Parmi les traits marquants de la culture aborigène, la peinture a une place importante –qu'elle soit rupestre, sur sol, sur bois ou, plus récemment, sur tissu 2.
Emblème populaire de la culture aborigène, le didgeridoo, instrument à vent en bois, a, lui, été créé à l’âge de pierre (20.000 ans).
L'armement traditionnel était composé de boucliers, de lances projetées par un propulseur (woomera) et de boomerangs.
Le kriol, un créole d'anglais qui s'est développé au début du XXe siècle, constitue aujourd'hui la première langue des Aborigènes.
L'épreuve de la colonisation
Lorsque les colons britanniques débarquent à la fin du XVIIIe siècle, Londres proclame la loi de terra nullius : l'Australie est une terre sans propriétaires.
La population aborigène est pourtant estimée alors entre 300.000 et 750.000 personnes (voire un million selon certains historiens).
"Malgré la volonté officielle de protéger les peuples autochtones, la colonisation de leur continent eut pour eux l'effet d'un cataclysme, et les heurts furent nombreux." 1
Avec l'arrivée des occidentaux, la population aborigène chute brutalement : ils ne sont plus que 100.000 en 1900. Le premier fléau pour les autochtones ce sont les maladies apportées par les colons, telle la variole.
Mais les conflits meurtriers sont légion au fur et à mesure de l'expansion des occidentaux. Certains Aborigènes se mobilisent et se lancent dans une véritable guérilla pour protéger leur terre, en attaquant des fermes et le bétail. Les colons répliquent par des massacres comme celui de Myall Creek : en 1838, des colons blancs tuent 28 aborigènes.
A partir des années 1870, la plupart des Etats australiens se lancent dans une politique de "protection" des autochtones. Il s'agit ni plus ni moins d'une ségrégation et d'une atteinte à la culture aborigène : les populations indigènes sont déracinées de leur environnement de naissance, et déportées dans des réserves, coupées de la population blanche.
"Les Aborigènes y étaient regroupés et consignés, rappelle Maïa Ponsonnet. Les administrations contrôlaient leurs mouvements, la consommation d'alcool, leurs choix de vie." 1