Vers 16 heures, le soleil disparait derrière la colline, laissant le froid de la nuit s’installer, la température descend, descend jusqu'à des chiffres que l’on a du mal à imaginer en dehors d’un congélateur.
Le froid est un élément implacable, s’en protéger est un souci permanent et on a vite fait de comprendre l’importance d’une bonne paire de gants et d’une veste…équipements que l’on trouve au chalet, car bien des fois, les derniers gants de chez NF n’ont pas l’efficacité escomptée.
Wind of Mongolia propose plusieurs types de séjours a la découverte de la Mongolie en hiver - Séjours classiques, en voiture, à cheval et bien sur, en traineau à chiens. Le traineau à chiens est l’activité phare, allant de la simple journée, jusqu’au raid de 7 jours avec bivouac, pour atteindre des coins ou seule la vie sauvage ose s’aventurer…
Malgré la proximité avec la capitale et le village de Terelj, vit dans le massif du Khaan Khenty, une faune d’une extraordinaire variété, renards, lièvres variables, chevreuils, dans les fonds de vallées. Plus haut, lynx, gloutons, cerfs….plus haut encore et un peu plus loin des camps de nomades, panthères des neiges, élans, chevreuils porte musc et ours, qui sont bien les seuls dont on ne voit pas les traces en hiver.
Et bien sur les loups, omni présents dans tout le pays, ils sont ici légions et il n’est pas rare de voir leurs traces à une centaine de mètres du chalet, ils sont les maitres de lieux et le sujet de discutions de bien des personnes, nomades, citadins et touristes.
Animal à la fois vénéré et détesté, il tue bon nombre de têtes du cheptel des nomades et en hiver il est apparemment plus intéresse par les vaches et chevaux qui passent autour des camps nomades, plutôt que par la faune sauvage, plus difficile à attraper.
N’allons pas dire que le loup est fainéant, il est plutôt opportuniste et a surtout compris depuis bien longtemps qu’il était préférable d’économiser ses forces en hiver.
Première journée dans la peau d’un pionnier
Partir à la découverte de la haute vallee de Terelj au guidon de son attelage de 5 chiens Alaskans relève du rêve. Départ surprenant de vitesse et de puissance qui donne une première impression de ne pouvoir rien contrôler de l’énergie de ces chiens incroyables.
Après une petite heure, les chiens prennent leur rythme de croisière, la rivière elle même s’élargie, rendant la conduite du traineau plus aisée, glisser en silence sur le cordon de glace de la rivière est magique, glace bleutée ou verte, craquelures ou cuvette envahie par l’eau, chaque méandre de la rivière offre un paysage différent et très vite, on aperçoit les traces des loups, chevreuils, renards, lièvres….Avec un peu de chance, on aperçoit la silhouette rousse du renard ou la course rapide du grand lièvre.
Le massif du Khaan Khenty est un parc naturel d’une grande richesse, les paysages paraissent sans fin et on pourrait ainsi se laisser glisser sur des centaines de kilomètres, sensations grisantes de liberté, envie de découvrir plus, de vivre plus à fond cette expérience hivernale, le froid gifle les joues, mords le bout des doigts, mais on sent une intense satisfaction a vivre avec son équipage de chiens ces instants magiques, si loin du monde dit « civilisé », si loin d’un monde aseptisé.
Une première expérience unique qui donne l’eau a la bouche et laisse entrevoir la perspective d’une seconde, un séjour plus long.
Incursion en terrain inconnu…
La confirmation du second séjour est donnée, demain départ pour le premier circuit en traineau, un itinéraire sur 6 jours…un enthousiasme mêlé d’une pointe d’angoisse….comment cela va-t-il se passer ? Si on remonte encore plus profondément dans la vallée, va-t-il faire plus froid ? Mais quel bonheur d’imaginer ces jours hors du temps.
Jour J – Les traineaux sont alignés sur la glace de la rivière Tuul.
Les chiens sont harnachés et installés à leur place dans l’attelage, chaque chien a son rôle bien déterminé, les petits devant, pour la vitesse, les gros baraqués, à l’arrière, c’est eux qui supportent la charge du traineau, les droitiers, les gauchers, les chiens de têtes, tout cela orchestre par un « pro ».
Le matériel pour ce genre d’aventure est assez important et les traineaux sont lourdement chargés.
La zone de départ absolument splendide, croisement de 2 larges vallées, vue imprenable de part et d’autre, l’immensité Mongole s’ouvre à l’ infini sur les monts enneiges du Khenty – Le gout de la liberté.
Les chiens piaffent d’impatience, un concert de jappements et d’aboiements rythme les derniers instants avant le départ.
L’ancre est arrachée du sol gelé, « hop ! » c’est partie la piste se déroule sous le traineau à grande vitesse, malgré les lourdes charges, glissades, dérapages, virages serres et enfin la rivière s’élargie, laissant la possibilité d’admirer la beauté des paysages, le soleil est encore bas, les ombres s’allongent sur la neige, entre les bosquets d’arbres.
Les chiens sont tout aussi excités et heureux que nous.
Des traces de loups partout !!
Un livre ouvert sur la vie hivernale, on peut nettement distinguer les empreintes de jeunes loups, les plus âgés, ils ont du sortir cette nuit ou tôt ce matin, pour chasser, car la meute au grand complet était là il n’y a pas bien longtemps.
Habitués, presque blasés, les chiens sont indifférents aux traces et odeurs qu’ont pu laisser les loups et maintiennent une bonne allure, regards droit devant. Le paysage se resserre aux abords d’un massif montagneux, un étrange brouillard envahi la zone.
De l’eau remontée au dessus de la de glace provoque ce brouillard et les arbres se sont recouvert d’un épais givre, paysage enchanteur comme dans dessin animé, sauf que là, on risque bien de se mouiller les pieds, silence….L’idée de se mouiller les pieds par – 30 laisse échapper un brin d’angoisse.
Les chiens jappent sous l’effort, ils dérapent et ont un peu de mal à arracher les traineaux de cette espèce de sorbet géant.
Phénomène assez courant, de l’eau passe au dessus la carapace de glace de la rivière durant tout l’hiver, à des endroits souvent très différents, cela est provoqué par les changements de température, nul ne peut prévoir à l’avance ou cela va se produire. Puis cette eau se sublime et part en une sorte de vapeur
Le rythme ralenti et il devient plus facile d’apprécier le paysage, vallées qui s’ouvrent de parts et d’autres de la rivière, campements nomades accroches à flanc de collines, troupeaux de vaches qui viennent boire dans les quelques rares endroits ou il y a encore de l’eau libre. Dans ce silence incroyable il y a pourtant une vie sauvage et pastorale intense.
Une trentaine de kilomètres sur la rivière Tuul puis les chiens s’élancent vers les berges boisées. Un petit sentier serpente entre les arbres et soudain le paysages s’ouvre, vision idyllique des steppes Mongoles, à cette heure de la journée, le soleil bas, inonde d’une lumière orangée cette vallée au fond de laquelle on distingue quelques yourtes et cabanes.
Un troupeau de chevaux détale à l’approche des attelages, image incroyable, image hors du temps que ces petits chevaux trapus et fiers qui galopent dans ce paysage de carte postale.
Arrivée au petit trot jusque devant une yourte….c’est là que l’on va passer la nuit.
Accueil Mongol
Un accueil bien Mongol, amical et enjoué, thé au lait légèrement salé…le « Soutetse », gâteaux….et enfin une vague de chaleur envahie le corps, passage brutal de – 30 à +30….60 degrés d’écart, qui surprennent quelque peu.
Les nomades passent l’hiver dans leur camp d’hiver, toujours le même, constitué de petits parcs, enclos, cabanes, de quoi se protéger et protéger leur cheptel des agressions de l’hiver.
Le soir, le bétail rentre seul ou presque, vaches, veaux, chèvres et moutons arrivent au compte goutte et sont parqués.
Les yacks vivent en troupeau dans les montagnes, ainsi que les chevaux qui sont sous la surveillance de l’étalon et redescende rarement dans la vallée; au camp, seuls les très jeunes ou les chevaux pour la monte.
Rituel immuable, il faut compter, trier, séparer les veaux pour traire les vaches, laisser les petits agneaux téter leurs mères avant de les regrouper à nouveau dans une yourte chauffée, destinée à les garder bien au chaud.
La clarté diminue très vite et tout doit être fini avant la nuit.
Puis retour au calme ou presque, discutions, échanges avec les nouveaux visiteurs, une découverte à double sens ou chacun fait de son mieux pour se faire comprendre. Recevoir sous sa yourte, des visiteurs arrivés en traineau a chiens, après avoir parcouru plus de 30 km dans la froideur de l’hiver, n’a rien d’anodin et suscite la curiosité.
C’est bien plus tard, après une bonne soupe ou quelques Buuz, qu’enfin la phrase « un repos bien mérité » trouvera tout son sens…les images fusent dans la tête, les sensations remontent, que de sentiments à digérer…jusqu’au sommeil.