Relativement peu étendu, l'Uruguay se fait souvent discret, dans l'ombre de sa grande sœur argentine. Contrairement à la république albicéleste dont le goût pour la démesure n'est plus à prouver, il s'agit en effet d'un pays plutôt caractérisé par la douceur et la tranquillité. La vie y est agréable, et les plages charmantes alternent avec la campagne vallonnée. Colonia del Sacramento est l'un des atouts majeurs uruguayens : lieu de villégiature pour les Argentins, c'est aussi une destination très appréciée par les touristes du monde entier. Fondée en 1680 par les Portugais, la ville figure d'ailleurs aujourd'hui parmi les destinations inscrites au Patrimoine mondial de l'Unesco.
Colonia del Sacramento, Pittoresque et Apaisante
Colonia del Sacramento, destination phare et pourtant méconnue
Colonia offre au voyageur désireux de sortir des chemins battus la possibilité de vivre une parenthèse hors du temps, dans un cadre exceptionnel. Comment donc expliquer que tant de visiteurs n'y passent qu'une journé ? Tout simplement parce qu'au fil des années, elle a acquis la réputation d'être l'endroit parfait pour renouveler son visa, et que les Argentins en quête de devises étrangères apprécient la possibilité d'y trouver des dollars.
A seulement 50 kms de Buenos Aires, Colonia a l'avantage de n'être qu'à une heure et quart de bateau (trois heures si l'on choisit le trajet plus lent, et plus économique). Il suffit donc de traverser le Rio de la Plata au niveau de son embouchure pour passer la frontière, et gagner un nouveau tampon sur son passeport, donnant le droit à un autre visa touristique de trois mois. Voilà pourquoi tant d'Européens et de Nord-américains réservent un aller-retour dans la journée, uniquement préoccupés de questions administratives. Les Porteños (habitants de Buenos Aires) qui se méfient de l'inflation du peso argentin les imitent, dans le but cette fois de retirer librement des dollars américains, jugés plus fiables. Bien sûr, les uns comme les autres passent en général ensuite la journée sur place.
Mais une journée, c'est si peu pour profiter des charmes de Colonia ! Surtout dans ces conditions : car la vraie question n'est pas tant celle de la durée du séjour que celle de l'état d'esprit. Colonia se vit plus qu'elle ne se visite. C'est précisément sa lenteur et sa simplicité désuète qui la rendent inoubliable. Il faut être prêt à flâner sans but dans ses ruelles pavées, prendre son temps pour boire un café au lait au bord de l'eau, s'arrêter pour quelques tapas dans une gargote au fond d'une cour…
Ici, la course aux visites touristiques est encore plus vaine qu'ailleurs : Colonia est petite, et l'on en a vite « fait le tour »… si l'on s'en tient aux photographies de monument. Pas si l'on recherche une atmosphère. Et dans ce cas, une journée c'est juste assez pour avoir envie d'y retourner le plus vite possible !
Un charme suranné à mille lieues de la modernité de Buenos Aires
Parmi les attractions locales les plus réputées, on compte le phare. Le voyageur est récompensé de l'ascension de plus de 110 marches par une vue imprenable sur le fleuve, si large qu'on croirait l'océan, et sur l'ensemble de la ville. C'est l'occasion de réaliser à quel point elle est petite par rapport à la nature qui l'entoure. La Basilica del Santisimo Sacramento cache sous ce nom impressionnant une église coloniale de taille modeste, toute blanche et typique avec son double campanile. A l'intérieur, on retrouve les statues chères aux chrétiens espagnols, mais les murs demeurent étrangement dépouillés, à l'opposé du style rococo si souvent de mise dans les lieux de culte latino-américains de cette époque.
Le troisième endroit immanquable dans le cadre d'un voyage à Colonia del Sacramento est en réalité une rue, poétiquement appelée « Calle de los suspiros », c'est-à-dire « rue des soupirs ». La légende attachée à ce joli nom est moins rose, puisqu'elle évoque les gémissements de condamnés à morts, noyés à l'occasion des grandes marées, ou bien ceux des prostituées et de leurs clients, désormais absents, mais omniprésents il y a un siècle. Si elle attire comme un aimant les visiteurs, c'est que ses pavés irréguliers, ses maisons colorées et ses arbres fleuris constituent un charmant paysage, à l'opposé des rues à angle perpendiculaire des villes construites par les Espagnols en Amérique. La conception portugaise de l'urbanisme était en effet beaucoup plus légère, et les reconquêtes successives n'ont pas altéré la beauté pleine de fantaisie du centre-ville.
Le contraste est saisissant lorsqu'on arrive de Buenos Aires, qui semble souvent née au 20ème siècle avec ses grands immeubles, ses boulevards gigantesques, son port impressionnant. Colonia dégage par comparaison un parfum un peu vieillot, mais très émouvant. Ses remparts se dressent comme une dernière barrière avant d'entrer dans un monde d'histoire et de nostalgie.
La ville a été rénovée de fond en comble à partir des années 1970, mais les organisateurs des travaux ont eu le bon goût de ne pas chercher à donner l'illusion du neuf. Au contraire, les vestiges du passé ont été soigneusement conservés et mis en valeur : de vieilles voitures sont visibles un peu partout dans la ville, par exemple. On déchiffre sur la surface irrégulière des murs les différents passages de peinture, et l'ocre jaune se mêle au rouge romain sur une même façade. Délicieusement méditerranéen, le tout semble surgi d'un vieux film.
Colonia la nonchalante, Plage et Maté
Le fleuve contribue à l'identité de la ville. Immense et puissant, il semble pourtant anodin dans la journée, quand sa couleur terreuse trahit ses origines amazoniennes. C'est au lever et au coucher du soleil qu'il révèle alors toute sa splendeur et justifie son nom, Rio de la Plata, fleuve d'argent. Les rayons rasants viennent alors faire scintiller sa surface, et la plage étroite se pare de nuances orangées. Au large, on distingue deux îles : San Gabriel et Farallon. Leur petite taille et leurs abords rocheux, dangereux, leur ont permis de rester sauvages.
Du matin au soir, le flâneur remarque des habitants sur le pas de la porte, parfois seuls, parfois à deux ou trois. Ils font tourner un maté, cette calebasse contenant une herbe du même nom que l'on consomme en infusion à l'aide d'une paille métallique.
Incontournable en Uruguay autant qu'en Argentine, la boisson se partage, elle ne se commande pas dans un café. Les lieux où se restaurer ou se désaltérer sont par contre très nombreux à Colonia. Leurs tarifs peuvent être un peu plus élevés que dans le reste du pays, mais un large choix y est proposé. Prendre un verre de vin avec quelques bouchées apéritives sur un vieux guéridon métallique, au fond d'une cour pavée et sous un palmier, a son charme. Quant à l'hébergement, il est facile à trouver : de nombreuses auberges proposent leurs services, parfois dans d'anciennes maisons coloniales.
Plus qu'une escale touristique, Colonia est donc une invitation à prendre le temps de bien vivre. Ses jolies ruelles pittoresques, ombragées et irrégulières, sont belles en toute saison. Mais elles sont plus tranquilles en dehors de la période estivale qui voit venir les vacanciers argentins en nombre, En version plus animée pour l'été, ou plus apaisée pour l'hiver, la visite de cette petite ville uruguayenne représente de toute façon un dépaysement. Et son artisanat d'art assez célèbre permet aux voyageurs de ne pas repartir sans un souvenir de leur séjour à Colonia del Sacramento...
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