Par ailleurs, selon d’autres légendes locales, le roi Lalibela reçut un ordre divin. Dieu voulut qu’il établisse onze églises monolithiques sur les terres d’Ethiopie. Pour faciliter la tâche du roi, celui-ci lui fournit préalablement les instructions détaillées quant à leur construction afin qu’il puisse les achever en temps limité.
Après l’abdication de son frère Harbay, le temps était venu pour Lalibela de terminer cette commande divine, ce pourquoi il exécuta enfin les désirs du tout puissant doué d’une incroyable ferveur. Effectués à une vitesse légendaire, on dit que ces travaux d’une exceptionnelle finesse, autant dans leur architecture que dans leur originalité, furent en partie construites par les mains des anges. On dit aussi que le chantier fut achevé en temps record, ce qui n’était guère surprenant dans la mesure où les anges bibliques permirent de fournir une aide considérable aux travailleurs durant les nuits illuminées de constellations : les anges avaient fourni le double de la quantité de travail que les hommes étaient capables de délivrer pendant les heures qui suivirent l’aube jusqu’au coucher du soleil.
Quoiqu’il en soit, ces quelques vestiges d’un héritage patrimonial riche furent une réponse à la capture de l'ancienne Jérusalem par les musulmans en 1187. C’est une des raisons pour laquelle l’ensemble des noms de la ville rurale évoquent des lieux figurant dans la Bible : la rivière du Jourdain qui desserre la région fut appelée en cet honneur par les Ethiopiens. Par ailleurs, de part et d’autres des rives de cette rivière, les infrastructures religieuses représentent la Jérusalem terrestre où vivent les hommes crées par Dieu, tandis que la rive opposée incarne la Jérusalem céleste, un monde abstrait évoqué dans la Bible dont les caractéristiques sont la richesse, l’or, la tranquillité et la perfection universelle.
Aujourd’hui ces églises témoignent encore de l’ambition du saint Lalibela qui entreprit ce chantier exceptionnel avec l’ambition d’en faire une nouvelle terre sainte. Lalibela, foyer d’effervescence religieuse, fonctionne comme substitut des lieux saints de Jérusalem et de Bethléem jouissant ainsi d’une influence considérable au sein du pays mais aussi à l’échelle planétaire. Mise conjointement sous protection de l’Etat et de l’Eglise, la gestion du site actuelle permet, en effet, à de nombreux fidèles de célébrer l’ensemble des grandes fêtes du calendrier chrétien éthiopien dans une perspective de pèlerinage religieux.
L’église de Biet Golgotha est notamment dotée de plusieurs répliques du tombeau du Christ, du légendaire Adam, le père de la race humaine dans la Bible (couplé à la divine Eve) ainsi que des répliques de la crèche de la Nativité.
On dit souvent que le plus merveilleux des édifices enterrés est sans contesté la Maison dédiée à Saint George, du moins le plus visité. Il est aussi considéré comme l’église la plus récente, elle-même édifiée sous l’ordre de Saint George qui envoya une troupe d’ange la terminer. Sa taille de 30 mètres impressionne souvent ses visiteurs tandis que son plan cruciforme témoigne de l’extravagance architecturale semblable aux églises du monde occidental. Distinguée également pour sa relative isolation, elle est accessible aux autres églises par de nombreux tunnels creusés dans la roche volcanique rouge. La couleur rosée de ses façades ornées de lichens sauvages la dotent d’une parure idéale pour les photographies, quel que soit la luminosité…
Biete Mercoreos et Biete Gabriel Rafael étaient utilisées comme résidences royales. On dit aussi que Biete Mercoreos eut la fonction de prison. Au contraire, Biete Mariam, la maison de Marie est probablement la plus ancienne des églises. Elle est attrayante pour les bijoux qu’elle abrite : la réplique de la tombe du Christ et d’Adam. Enfin, Biete Medhane Alem constitue la plus fastueuse église monolithique du monde, riche de ses cinq nefs.