La légende veut que l'île tout entière ait autrefois eu un caractère sacré. Pour cette raison, les pèlerins ne pouvaient en fouler la terre, et devaient se contenter de se recueillir dans le sanctuaire construit sur pilotis, sans aborder réellement. Encore aujourd'hui, les croyances shintoïstes interdisent que l'on naisse ou l'on meure sur l'île, et Miyajima de possède donc ni cimetière ni maternité. D'un point de vue religieux, le lieu possède une aura très particulière, pour les Japonais.
La première étape de purification consistait autrefois, pour les visiteurs arrivant sur l'île, à passer sous le Torii rouge, qui a fait de Miyajima une destination incontournable lors d'un séjour au Japon. Ce portique de 16 mètres de haut repose sur quatre pieds posés dans le sable ; il est surmonté d'un faîte recourbé, gracieux et épuré. Alors qu'il est plongé dans les eaux bleues foncées à marée haute, il est accessible à pied depuis la rive, à marée basse.
Après avoir franchi cette porte symbolique, les dévots pouvaient accoster au sanctuaire, qui semble flotter au dessus des vagues, perché sur ses pilotis. La structure rouge et laquée se reflète alors dans la mer de Soto, et les planches des pontons doivent être maintenues grâce à des poids. Les toits en pagode, plus sombres, protègent de la lumière et la chaleur, accentuant encore un peu la tranquillité qui règne dans cet endroit exceptionnel.
Le sanctuaire est à juste titre considéré comme un véritable symbole de l'esprit japonais. Tout d'abord d'un point de vue esthétique : les formes sobres alliées aux couleurs soutenues des édifices rouges, de l'eau bleue et du mont Misen vert foncé en arrière-plan, constituent un tableau inoubliable et très typique. Moralement et spirituellement, le respect envers les coutumes et les divinités, mais aussi la minutie avec laquelle les bâtiments sont entretenus témoigne également d'un état d'esprit unique. Tout cela a sans doute contribué à l'inscription du sanctuaire sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.