Sous prétexte de désenclavement des villages de montagne et campagne reculés, des routes se goudronnent à un rythme soutenu là où des pistes fleuraient bon l’aventure. Pour permettre à l’industrie du tourisme de passer en tête des sources de revenu nationales, des zones sauvages entières sont vouées à la transformation en grands complexes hôteliers comme la Plage Blanche au sud de Guelmim. La manne financière que représente la configuration du Maroc pour les opérateurs de télécommunications locaux explique la floraison anarchique des antennes dans des lieux jusqu’il y a peu vierges de toute trace de civilisation. Face à cela, de superbes architectures sont laissées à l’abandon et aux affres des intempéries, ruinant littéralement le pays de pépites touristiques. Le Maroc est bien parti pour faire les mêmes erreurs que l’Espagne par exemple.
Le Maroc... Sortez des Sentiers Battus
La modernisation en marche des zones retirées du pays est compréhensible et peut-être louable. Les moyens limités d’un pays en voie de développement peuvent aussi expliquer le choix de priorités à court terme et le dédain pour des chantiers trop coûteux ou pour des notions telles que préservation du patrimoine, conservation de la nature, etc. Pour un amoureux de sites sauvages et de pistes comme moi, chaque nouveau pylône, chaque nouvelle antenne, chaque fort ou agadir nouvellement effondré est un coup de couteau dans le cœur.
Heureusement, ce superbe pays est grand et très diversifié. Il s’écoulera encore bien deux générations avant que les possibilités de partir vraiment à l’aventure se réduisent, comme c’est le cas en Europe aujourd’hui. Alors dépêchons-nous d’en profiter ! J’ai récemment fait le constat curieux que depuis des dizaines d’années les guides de voyage, les agences et tours opérateurs, voire même le Ministère du Tourisme marocain continuent à mettre en avant les mêmes sites touristiques alors que ceux-ci ont bien changé et sont souvent devenus des lieux sans âme ni charme, voués au culte de l’euro. Dire qu’il existe tellement de canyons et de gorges formidables et encore authentiques au Maroc, pourtant totalement méconnus ! Non, l’on continue à vendre le Toghra et le Dadès, complètement goudronnés et jalonnés d’hébergements touristiques et d’échoppes à souvenirs.
Et bien tant mieux ! Gardons pour nous, fervents d’authenticité et de vraie nature, ces multiples petits secrets. Notre entreprise Hors Circuit a encore de l’avenir devant elle !
Vous êtes amateur de trekking sauvage ?
Venez randonner par exemple sur le plateau de Touchka sur le versant sud du Haut Atlas, non loin de Taroudant où nous sommes installés. A partir de notre auberge berbère en pisé, longez torrents et oueds, traversez de paisibles villages d’altitude, arpentez vieilles pistes 4x4 et sentes de chèvres sur les flancs des impressionnants monts Aoulime et Tichka culminant à près de 3500 mètres d’altitude. Vous rencontrerez peut-être un vieux Peugeot surchargé d’habitants , d’animaux et de matériaux mais surtout de braves et pauvres paysans à dos d’âne qui vous décocheront un grand bonjour chaleureux. Tantôt sous un soleil ardent, tantôt à l’ombre d’oliviers, d’arganiers, de caroubiers, d’amandiers, de noyers, de chênes, tantôt sur le rebord de vertigineux à-pics surplombant d’étroites gorges, vous parviendrez au pied d’un véritable mur, qu’un bon sentier tout en lacets escalade pour accéder au plateau convoité.
A 2800 mètres d’altitude, vous avez derrière vous les pentes méridionales du Haut Atlas dévalant jusqu’à la fertile plaine du Sous et devant vous un inédit plateau d’altitude enserré entre deux rangées de pics que seuls quelques bergers et troupeaux épars occupent une partie de l’année. Des torrents d’eau fraîche, des cascades dissimulées, de surprenants verts pâturages, … autant de bonnes raisons de prolonger un séjour en bivouac sauvage dans ce havre de paix que ni le goudron ni les télécommunications ne sont prêts d’atteindre.
Vous préférez découvrir en 4x4 des pistes hallucinantes ?
Ou bien d'’anciennes constructions fortifiées nichées dans des canyons somptueux jalonnés d’oasis de montagne ? Montez à notre bord pour visiter de très beaux agadirs bâtis sur des promontoires inexpugnables. Que vous dormiez dans une auberge ou mieux que vous acceptiez de bivouaquer dans les restes de ces greniers fortifiés, l’itinéraire permet d’en prendre plein les yeux en permanence. Baignade dans les gueltas d’Amtoudi, visite d’agadirs restaurés, pique-nique dans des palmeraies verdoyantes, randonnées sur mesure, conduite sur des pistes mémorables, rencontre des rudes Berbères de l’Anti-Atlas… il y en a pour tous les goûts. A condition de voyager selon l’esprit Hors Circuit, la sensation d’aventure sera réelle et le dépaysement assuré, loin des hordes.
Ou alors vous êtes attirés par le désert ?
Et ce sans pour autant devoir passer des journées entières en voiture pour rejoindre des pseudo-campements bédouins bondés de pilotes de 4x4 et quad en raid ? Peu s’aventurent à la Plage Blanche, une immense plage sauvage s’étendant entre Sidi Ifni et Tan-Tan sur la côté atlantique bien au sud d’Agadir. Et encore moins auraient l’idée de camper dans des dunes de l’arrière-pays ou au pied d’une barkhane (dune isolée se déplaçant avec le vent) pratiquement suspendue au-dessus des ressacs de la mer. Nous, on adore ! Ici, les troupeaux de dromadaires ne sont pas prévus pour les touristes. Les loups mouchetés relevés dans les filets le matin par des pêcheurs ermites ne le sont pas non plus. Aucune infrastructure hôtelière au cœur de cette solitude, aucun accès aisé pour ces vastes étendues désertiques. Et pourtant un joyeux mélange de vieux forts de la légion étrangère, de rares oasis, d’immenses plages désertes, de cordons de dunes inattendus, de gorges et dépressions spectaculaires. Avec vous seul ou votre famille pour seuls compagnon, une bonne grillade de poisson et un petit vin rosé frais au coucher du soleil et au pied des dunes, que demande le Prophète ?
Sachez donc découvrir ce formifable pays en sortant des sentiers battus !
LUC TROMME D'HORS CIRCUITS