Auparavant, le village de Divriği faisait partie du Megujekid Beylik sous l’autorité du Bey Ahmet Shah. Le bey peut être considéré comme l’équivalent des seigneurs en France : les beys gouvernaient leur territoire (appelé un bey ou beylik), et prêtaient souvent allégeance à d’autres souverains plus puissants. Le Bey Ahmet Shah avait prêté allégeance aux Seldjoukides qui dominaient la Turquie au XIIème siècle. C’est lui qui fit construire la Grande Mosquée qui date donc de cette époque, et dont l’architecture recèle d’empreintes seldjoukides.
Au niveau de la Grande Mosquée ou Ulu Camii, on distingue trois grandes portes sculptées, chacune portant un nom qui lui est propre : la Porte Ouest, la Porte du Paradis et la Porte du Shah et aucune ne se ressemble. Sur la Porte Ouest, on peut voir d’innombrables reliefs dont l’Aigle à deux têtes, emblème de l’Empire Seldjoukide, qui voyait dans l’aigle un symbole de force et de grandeur. A ses côtés, on peut voir un faucon, tête inclinée vers le bas. Ce faucon est le symbole des Megujekids, dynastie à laquelle appartenait le constructeur de cette mosquée. La tête du faucon est inclinée pour montrer son allégeance et son respect à l’Empire Seldjoukide.
La Porte du Paradis, immense, porte bien son nom : la méticulosité, la précision, et la richesse du moindre centimètre carré de pierre composant cette porte lui ont valu ce surnom, et la Porte du Paradis est souvent considérée comme la plus impressionnante et la plus majestueuse. Mais ce surnom provient aussi du fait que l’ensemble des décorations représentent le Paradis et les versets coraniques qui y sont sculptés ont également attrait au à cet éden.
A l’arrière de la mosquée se trouve la Porte du Shah, plus modeste que les deux autres. C’est par cette porte que le Shah, titre qui désigne un monarque ou un souverain, entrait dans la mosquée. La porte d’entrée est basse dans le but d’obliger le Shah à s’incliner en entrant. Ainsi, il montrait que même si en temps normal, il était supérieur aux autres hommes, il restait inférieur à Allah et s’inclinait devant lui.
L’intérieur de la mosquée, très sobre, contraste avec son extérieur si exubérant et démesuré. On y retrouve les éléments classiques d’une mosquée : le mihrab, une niche creusée dans le mur indiquant la qibla, c’est-à-dire la direction de La Mecque et le minbar, chaire sur laquelle monte l’imam pour diriger la prière. Ce minbar est à l’image de la splendeur extérieur de la mosquée : entièrement sculptées dans de l’ébène, il arbore des motifs à la finesse et à la précision dignes des portes. Lorsque l’on s’approche, on réalise avec quelle minutie le sculpteur a réalisé cette œuvre : i y a en effet consacré plus d’une dizaine d’années !