Sihanoukville fut anciennement appelée Kompong Som, région qui constitue l’une des nombreuses provinces découpant le royaume du Cambodge. Elle doit son nom et sa renommée au roi père des cambodgiens Norodom Sihanouk, qui supervisa le projet d’aménager la ville autour du port de l’actuelle « Sihanoukville ». Le roi « Père de la Nation » régna sur le royaume entre 1944 et 1951 puis de nouveau entre 1993 et 2004, il fut promu au statut suprême auquel aucun roi du Cambodge n’avait eu accès après le déclin d’Angkor aux alentours du XVe siècle, notamment par le fait qu’il a été un des facteurs à l’origine de l’indépendance du pays vis-à-vis de la France en 1953.
Fils de la famille royale des Norodom, Sihanouk, s’il demeure le roi le plus renommé dans le cœur des khmers, lorsqu’il naquit en 1922, il ne fut pourtant pas prédestiné au trône. Malgré lui, on le couronna en 1941 alors qu’il n’avait pas terminé ses études, à peine âgé de 19 ans. Ce titre l’obligea de nouveau à envisager sa perspective d’avenir puisqu’il se sentait plus à l’aise dans le domaine de la politique de son pays. Pour cela il abdiqua en 1955 afin de se tourner aux débats politiques au cœur de l’actualité et la même année de son renoncement au trône, il remporta tous les sièges au Parlement. Il assurait ainsi la prospérité du Cambodge auquel la nation l’avait identifié.
Cependant il finit progressivement par perdre la considération que lui vouait son peuple tandis que le pays restait impliqué inéluctablement dans la guerre du Vietnam. L’assemblée nationale le destitua de ses fonctions le 18 mars 1970, ce qui força son exil précoce vers Pékin où il créa une alliance avec les communistes. Par la suite il acquit une puissance dangereuse et revint à la tête du nouvel Etat du Kampuchéa démocratique après la victoire des khmers rouges le 17 avril 1975.
Toutefois il se retira un an plus tard et fut prisonnier des khmers rouges jusqu’au début de 1979 qui marqua son renvoi à Pékin. Il ne refit plus surface pendant longtemps, jugé « traitre » par son propre peuple, encore sous l’emprise du régime dictatorial. Malgré son acte de « traitresse », alors qu’il aurait pu atténuer les choses en regagnant le Cambodge dans son bon droit, il tenta néanmoins de se refaire couronner dans son pays natal ce qui démontra sa perpétuelle démesure.