Qui n’a jamais rêvé d’une croisière qui nous amène des siècles en arrière au temps des pharaons de l’Egypte antique, qui nous fait découvrir les mœurs des civilisations égyptiennes tout en remontant les méandres du Nil, le fleuve le plus mystérieux du monde entier ? Autrefois, les crocodiles aux pupilles fendues peuplaient ses berges propices à l’agriculture, aujourd’hui elles abritent des vestiges témoignant de l’ingéniosité des populations antiques. Le meilleur moyen de s’y arrêter et d’admirer ces temples d’une exceptionnelle beauté à travers plusieurs escales est encore d’embarquer à bord d’un des bateaux de croisière ; le voyage promet d’envouter de sa magie et de conquérir le cœur de tous les visiteurs…
Le départ de Louxor est sans doute l’endroit le plus propice pour débuter la croisière. Puis il faut remonter les méandres du fleuve du Nil qui autrefois fournissait aux égyptiens l’eau nécessaire aux plantations agricoles. Le site de Louxor, avec plus de quatre millions de visiteurs par an, est l'un des endroits les plus touristiques de l'Égypte, il abrite deux temples symboles de l’incroyable ampleur de la civilisation pharaonique ; le Temple de Karnak et le Temple de Louxor…
Voyage Au Fil du Nil...
Karnak
Karnak est un vaste complexe principalement dédié à la gloire des pharaons et voué à la famille divine composée du dieu de la guerre, Amon, vénéré à Thèbes (Louxor ), de Mout ainsi que de leur fils Khonsou, dieu lunaire couronné d’un croissant de lune.
Construit vers la fin de la XXXe dynastie, il fut l’œuvre des souverains successifs, qui l’agrandirent et l’embellirent de pylônes, statues et obélisques pendant près de 2000 ans.
Composé de trois enceintes, il constitue le plus grand site religieux de l’Antiquité, témoignant de l’ingéniosité ahurissante de la civilisation pharaonique. L’enceinte d’Amon, le dieu des dieux, est le cœur même du temple que les pharaons englobèrent successivement de pylônes toujours plus gigantesques. L’entrée est flanquée d’une grande salle à ciel ouvert qui abrite le petit Temple de Sethi II composé de trois salles destinées aux barques d'Amon (au centre) de Mout (à gauche) et Khonsou (à droite) durant la fête sacrée de Opet.
Le Temple d'Amon-Rê de Ramsès III (1186-1154 av. J-C) est également incontournable dans la visite avec ses deux grandes statues de Ramsès III qui arborent la couronne Pschent, fusion de la couronne du nord et du sud de l’Egypte. Mais aussi la salle hypostyle, caractérisée par ses incroyables colonnes papyriformes, qui vous laissera cois. Ses murs sont recouverts de hiéroglyphes, de gravures de combats et de dieux égyptiens d’une finesse exceptionnelle et ses colonnes faramineuses sont si colossales que, parfois, il est difficile d’en observer le sommet.
Également plusieurs obélisques, notamment celui de la rebelle reine Hatchepsout, sont très prisés et font du lieu un mystère qui reste encore à dévoiler…
Louxor
Depuis Karnak, une longue allée bordée de sphinx dorés rejoint le somptueux Temple de Louxor dont l’entrée est flanquée de colosses de granit à l’effigie de Ramsès II. Voué au culte d'Amon et principalement édifié sous les ordres d’Aménophis III puis successivement agrandi par Ramsès II (XIXe dynastie), le temple de Louxor est aussi impressionnant que celui de Karnak.
Il est d’autant plus intéressant du fait qu’il fut œuvré exclusivement pour la fête donnée en son honneur, la fête « d’Opet », à laquelle le pharaon se rendait en barque sacrée au fil du Nil… Cette procession religieuse fut probablement la plus importante à Thèbes à partir de la XVIIIème dynastie et attirait une foule considérable sur près de trois kilomètres parcourus…
L’intérieur du temple est riche en sanctuaires, cours à ciel ouvert, salles hypostyles décorées de gravures ainsi que de statues démesurées à l’image des grands pharaons. La surprise qui marque la particularité de ce temple est qu’on y trouve également une mosquée ajoutée au XIVème s. et une église copte d’influence gréco-romaine…
Edfou
En remontant les méandres du Nil, Edfou, petite ville située entre Louxor et Assouan, déploie une des plus belles merveilles d’Egypte. En grimpant à l’arrière d’une des nombreuses calèches qui font le charme touristique d’Edfou, vous découvrirez une petite bourgade animée de vie avec ses trottoirs remplis d’égyptiens s’en allant au marché. Puis, alors que vous preniez plaisir à sentir les odeurs envoutantes de l’orient, Horus, le dieu faucon, célèbre à travers toute l’Egypte et vénéré de tous, vous accueille au cœur de son complexe faramineux, de ses ailes déployées et de ses yeux protecteurs.
Le Temple d’Edfou principalement consacré à la triade composée du dieu faucon Horus, de son épouse Hathor desquels naquit Harsomtous fut construit entre -237 et -57 avant J-C et demeure l’un des temples les mieux préservés d’Égypte. Sa façade est ornée de fresques impressionnantes représentent Ptolémée XII brandissant sa massue et massacrant ses ennemis devant le couple Horus et Hathor.
Il est intéressant de pénétrer à l’intérieur du temple afin de découvrir plusieurs fresques majestueuses notamment certaines décrivant « le massacre rituel de Seth », dieu du Chaos. Selon la légende Horus vengea son père Osiris, alors maître des cieux, en combattant Seth qui tenta à plusieurs reprises d’assassiner le dieu puissant et de lui dérober son épouse, la déesse magicienne Isis.
Le sanctuaire principal où l’on vénérait le dieux faucon est également précédé de plusieurs salles qui servaient de rangement des offrandes ; on distingue la salle des offrandes solides (nourritures, fleurs…), celle des offrandes liquides principalement constituées de vin ainsi que la salle du laboratoire dont les murs sont recouverts de hiéroglyphes retraçant l’élaboration des parfums qui existaient déjà à l’époque dynastique…
Kom Ombo
Ensuite, la croisière sur le cours du Nil vous guide tout droit au Temple de Kom Ombo, qui du haut de son promontoire ventru veille sur le fleuve en contrebas…
Ce temple majestueux est consacré au Dieu Crocodile Sobek et au Dieu Faucon Haroëris (Horus l'ancien). Horus était considéré comme un dieu vainqueur de Seth: il représente le bien contre le mal, incarné par le dieu du Chaos. On estime que Sobek est le dieu de la fertilité. On le reconnait à son visage reptilien …
Ce temple possède une particularité qui contribue à le rendre unique en terre d’Egypte. En effet il honore deux dieux et, son architecture double est séparée par un mur invisible. La partie droite du temple ptolémaïque (332-30 aJ-C) est consacrée à Sobek tandis que la partie de gauche à Haroëris.
A l’époque pharaonique, tous les malades affluaient de toute l’Egypte pour bénéficier des soins d’Horus qu’il fournissait dans ce temple. C’est la raison pour laquelle on le surnomma « Temple de la Médecine ». Mais jadis, le Nil était peuplé de crocodiles sous les ordres du plus monstrueux de tous : Sobek . Chaque malade était obligé de rendre un culte à Sobek avant d’accéder aux soins d’Horus.
Une célèbre gravure à la fois délicate et déroutante est la preuve de l’existence de la médecine à l’époque pharaonique : plusieurs instruments chirurgicaux y figurent tels que des pinces, des ciseaux, des vases, ventouses pour les accouchements, des flacons, mais aussi des balances à médicaments … à croire que nous nous sommes fait devancés par les égyptiens des premières dynasties…
Assouan, l'Apothéose
Enfin, une escale à Assouan achève la remontée du Nil en beauté. Outre la ville, qui se visite très facilement, le petit Temple de Philae dédié à la déesse Isis, constitue un arrêt incontournable. La déesse magicienne atteste de sa renommée avec l’édification de ce qui devint de nos jours « la Perle de l’Egypte ».
Œuvré des mains de Néctanebo I en 370 av J-C et perché du haut de son ile idyllique, l’accès en bateau est magique. L'île est un entremêlement de petits kiosques et temples éparpillés autour du temple monumental d'Isis : le kiosque de Nectanebo, celui de Trajan, la porte d’Hadrien, le temple dédié à la déesse Hathor : ces architectures (sauf le temple d’Hathor) marquent une fois de plus l’influence gréco romaine qui s’infiltra sur les terres d’Egypte.
Enfin bref, pourquoi essayer de décrire ce qui est indescriptible ? Pourquoi, même, tenter d’essayer ? L’Egypte est un pays qui ne peut se découvrir à travers les yeux ou les paroles de quelqu’un d’autre : le mieux est de s’y rendre par soi-même et de ressentir à son tour cette joie intense, cette bouffée d’air chargée d’histoire : tout simplement redécouvrir l’âme d’une contrée oubliée…
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