Nous vivons une époque d’accélération, de zapping. Ralentir est une question de survie, pour mieux sentir, intégrer, vivre et mieux mourir.
La vitesse est souvent une fuite en avant. Par exemple, elle permet dans toute pratique corporelle (danse, arts martiaux, musique,…) de cacher les défauts (pas toujours), les failles, parfois la médiocrité, au risque de devenir une gesticulation inutile.
Un Passage vers un Monde Improbable
Cela demande un effort, une maîtrise que de ralentir son geste, de sentir ceux-ci se prolonger au-delà du corps apparent. Habitons nos mouvements plutôt que d’être possédé par eux tels des automates.
Ralentir la consommation pour préserver notre écosystème, cela passe aussi par reprendre conscience de nos besoins réels, se dégager du superficiel pour consommer autrement.
Ralentir les repas permet de manger mieux et moins.
Ralentir la parole, redonner la place au silence, à l’écoute, à la relation. La liste est longue… Ralentir n’est pas toujours faire moins, mais mieux, plus en profondeur, en conscience.
Ce n’est pas l’inertie ou l’inaction, mais tendre vers un geste juste au moment juste. Entretenons le mouvement, la vie, mais dans la lenteur, la vitesse vient d’elle-même et reste toujours relative, Albert Einstein ne contredirait pas cela.
La recherche de la lenteur peut nous permettre d’approcher des vitesses infinies, les extrêmes se rejoignent. Le temps nous échappe, ne courons pas après, asseyons nous et prenons le prochain bus temporel.
Ne courons pas après notre ombre et soyons plus créatifs que le chien qui poursuit sa queue. Il le fait peut-être pour railler ses maîtres !
Appliquons cela à nos voyages, prenons l’avion (petit compromis !), mais une fois sur place, ralentissons, osons rester au même endroit, quitte à décevoir notre entourage qui ne manquera pas de dire : « T’as pas vu ça ? ».
Prenons le risque aussi parfois de l’ennui, c’est une porte vers la liberté. Après un temps de vie en Cévennes, terre de rebelles et île alternative dans le paysage français, j’ai choisi l’Islande pour me poser, île d’espace (300000 Hab pour 100000 km2), île de silence, de transformations géologiques puissantes et visibles à l’échelle humaine.
J’y ai découvert une terre et un ciel qui invitent à s’asseoir, à écouter leur dialogue, à rencontrer la nature pour rencontrer notre propre nature, à nous réconcilier avec nous-même.
La terre d’Islande, jaillie des eaux il y a seulement 20 millions d’années, est toujours en formation et poursuit son expansion. Elle est la manifestation de la vie sous nos pieds, terre de renaissance, chaotique, sans le mensonge du temps et de son activité érosive. Elle nous renvoie une vérité brute, sans masque et nous invite à retirer les nôtres.
L’île flotte sur un océan de magma, profondeur fluide, qui nous accompagne dans la décristallisation de notre passé, nous allège de nos poids.
Cette terre est thérapeutique pour celui qui prend le temps de s’abandonner entre ses mains avec confiance.
Nous vous y invitons pour vous connecter au mouvement lent et inexorable d’un glacier, au mouvement lent et fluide de la lave, au mouvement lent de la séparation des plaques tectoniques, au mouvement lent des aurores boréales, échos de nos propres rythmes intérieurs.
L’Islande est une île improbable, elle est comme un message de la terre pour nous rappeler à nous-même, elle est le passage vers un monde tout aussi improbable.
ALKéMIA