Au début du IXème siècle, les Vikings accostent en Islande, une des dernières contrées d’Europe qui n’avait pas encore été colonisée par l’Homme, et apportent avec eux leurs chevaux qu’ils avaient embarqués sur leur navire. Ces premiers chevaux appartenaient principalement à des races nordiques telles le Fjord ou le Tarpan, puis un peu plus tard furent apportés des poneys d’origine britannique tels que le Shetland, l’Highland, le Connemara ou l’Exmoor. Peu à peu, à partir de ces premiers chevaux, naquit la race islandaise, modelée par le rude climat de l’ile.
Dans les années 900, des tentatives de croisements avec des races orientales eurent un effet catastrophique sur les populations indigènes de chevaux islandais, entrainant la dégénérescence de la race et c’est pour cela qu’en 982, le Parlement Islandais, ou Althing, décida d’interdire toute importation de chevaux étrangers pour protéger la race islandaise. Depuis plus de 1000 ans, l’Islandais ne connut aucun croisement, ce qui en fait à ce jour l’une des races les plus pures du monde. D’ailleurs, l’interdiction d’importation de chevaux sur l’île est toujours en vigueur. L’exportation des chevaux islandais est autorisée, mais tout individu ayant quitté l’île ne peut plus jamais y revenir !
Jusqu’au XIXème siècle, le Cheval Islandais s’épanouit et fut soumis à divers critères de sélection, façonnant peu à peu la race telle qu’on la connaît aujourd’hui. En 1783, une éruption du volcan Lakagígar, qui dura près de huit mois, généra des tonnes de cendres qui se répandirent sur les sols, tuant la végétation et asséchant des rivières. Environ 70% des chevaux islandais furent décimés par cette éruption, empoisonnés directement par les cendres toxiques ou bien victimes de la famine causée par la stérilisation des terres et le manque d’eau. Il fallut une centaine d’années à la race pour se remettre totalement de ces lourdes pertes et au début du XXème siècle, les effectifs redevinrent importants, divers comités d’élevage se mirent en place, ainsi que des organismes officiels définissant les critères de la race. On compte aujourd’hui environ 80 000 chevaux islandais, pour à peine 300 000 habitants résidant en Islande ! Et le succès du petit cheval des Vikings ne s’arrête pas là, son rayonnement à l’international ne cesse de s’étendre et il est devenu une race très populaire, avec plus de 100 000 individus répartis à travers le monde…
Un cheval forgé par le climat
L’Islande est connue pour son climat rude et ses paysages spectaculaires, pouvant présenter à la fois de vastes plaines verdoyantes ou au contraire de grandes étendues de laves basaltiques dépourvues de végétation et complètement arides. Des volcans, des geysers, des sources d’eaux chaudes côtoient les grands glaciers et les paysages enneigés, et tous ces contrastes sont à l’origine du surnom de l’Islande, la « Terre de Feu et de Glace ». Les poneys islandais, élevés en semi-liberté, ont dû se faire à ces conditions climatiques extrêmes. Ils ont dû s’habituer au manque de nourriture, se nourrissant d’algues ou encore de poissons morts pendant les périodes de famine, au froid intense des longs hivers d’Islande, au vent qui souffle avec rage sur les plaines et aux terrains accidentés sur lesquels ils vivaient. C’est ainsi que le poney islandais devint un cheval ultrarésistant, ne craignant pas le froid, très peu exigeant en termes de nourriture et capable de parcourir de longues distances. Il a développé un pied sûr lui permettant de parcourir les terrains escarpés sans jamais trébucher ainsi qu’un excellent sens de l’orientation dû à sa vie semi-sauvage dans les plaines islandaises.