Comme dans de nombreux endroits du monde, le football est arrivé au Brésil dans les bagages de marins anglais.
Si São Paulo voit se dérouler les premiers matchs officiels en 1894, c’est à Rio qu’est fondé le premier club brésilien, le Fluminense Football Club, en 1902. Rapidement, d’autres clubs voient le jour dans les grandes villes du pays.
Dans une société fortement cloisonnée et hierarchisée, ces clubs deviennent immédiatement les porte-étendards de telle classe sociale ou de telle communauté.
Ainsi à Rio le Flamengo, équipe des secteurs ouvriers et populaires, est le principal rival du Fluminense, le club des riches où les joueurs noirs étaient interdits jusque dans les années 30.
A São Paulo, Palmeiras est le club des immigrants italiens, Corinthians celui des Espagnols. etc ...
Initialement sport d’élite, le football, facile à pratiquer et doté de règles simples, avait dès sa naissance les atouts pour devenir le sport universel qu’il est aujourd’hui.
Au Brésil, son rapide et profond ancrage social ainsi que les possibilités de promotion sociale qu’il offre aux meilleurs joueurs ont amplifié sa popularisation, faisant accéder le "futebol" au statut de "quasi-religion".
Le Phénomène Football au Brésil
Le Brésil, candidat permanent au titre suprême
C’est sur la scène internationale que ce phénomène est le plus visible.
Seul pays à avoir participé à toutes les phases finales de coupe du monde, le Brésil a du patienter pour voir sa "seleção" consacrée. Après trois participations infructueuses, la coupe du monde de 1950, organisée au Brésil, est l’occasion rêvée de décrocher le titre. Mais une défaite en finale contre l’Uruguay ruine les espoirs de tout un peuple ...
C’est finalement en Suède, en 1958, que le Brésil inscrit pour la première fois son nom au palmarès de l’épreuve.
Dans les rangs de la seleção brésilienne, un jeune talent de 17 ans à peine explose aux yeux du monde. Pelé vient d’écrire les premières pages de sa légende.
Il est le joueur emblématique d’une génération de surdoués dont la victoire en 1958 préfigure la décennie de domination mondiale qui va suivre.
Garrincha, Tostão, Rivelino, Didi, Nilton Santos, Vavá, Jairzinho, Zito, Djalma Santos, Carlos Alberto Torres, Gérson ... jamais un pays n’aura compté avec une telle densité de joueurs de classe mondiale.
Ils sont les dépositaires de ce qui dès lors est désigné comme le "foot samba" : un football offensif, exécuté par des artistes à la technique irréprochable, dotés d’un brin de folie, et pour qui le football est avant tout un jeu.
Un jeu qui enchante le monde entier et permet aux "auriverdes" (jaune et or) de remporter à nouveau le titre suprême par deux fois.
En 1962 au Chili, Pelé se blesse dès le premier match, et c’est le génie de Garrincha qui porte les siens vers la victoire.
En 1970 au Mexique, le Brésil emmené par un Pelé à son meilleur niveau survole la compétition et remporte le titre pour ce qui est aujourd’hui considéré comme l’apothéose d’une équipe d’exception.
Par la suite, le Brésil est resté le formidable réservoir de talents que l’on connaît (Zico, Sócrates, Falcão, Júnior dans les années 80, Romario et Bebeto dans les années 90, Ronaldo, Rivaldo, Ronaldinho et Kaká plus récemment), et a enrichi son palmarés par deux fois (Etats Unis 1994 / Japon - Corée 2002) devenant ainsi le pays le plus titré avec 5 victoires.
La seleção, symbole d'unité de la nation brésilienne
Cette domination mondiale représente l’une des plus grandes fiertés brésiliennes.
Dans un pays immense caractérisé par sa diversité géographique, ses contrastes culturels et ses disparités sociales, aucun thème n’est plus fédérateur, aucune cause plus porteuse d’unité que le football.
Lorsque débute la phase finale de la coupe du monde, la fièvre qui s’empare du pays est difficilement descriptible : partout ce sont des drapeaux qui fleurissent aux fenêtres, des maillots jaune et or arborés fièrement dans la rue, des fresques porteuses d’encouragements qui couvrent les murs des villes ...
Le Brésil vibre pour sa seleção, et l’on ne discute pas de savoir si celle-ci peut remporter le tournoi, mais de la meilleure équipe à aligner pour ramener la coupe au pays.
Et tant pis si, dans une époque qui voit prédominer les systèmes de jeu défensifs, les artistes brésiliens ne régalent plus que par intermittence de leur foot samba.
Seule compte la victoire, car elle seule permet au Brésil de conserver ce qui lui vaut une reconnaissance internationale, le rang de meilleure équipe du monde.
La coupe du monde de football sera organisée au Brésil en juin/juillet 2014, et plus que jamais les joueurs brésiliens auront le devoir de gagner pour ne pas décevoir l’immense attente que cette perspective suscite déjà.
TERRA BRAZIL